Suite française — Irène Némirovsky

C’est un roman, mais avec une charge émotionnelle particulière. Disparue à Auschwitz en 1942, Irène Némirovsky n’a eu le temps de terminer que deux livres de sa Suite française : Tempête en juin et Dolce. Elle a raconté ce que les Français ont vécu au début de la Deuxième Guerre mondiale : la débâcle, la défaite, l’occupation.

A l'arrière-plan, des militaires sur des tanks ; au premier plan la couverture du livre d'Irène Némirovsky, Suite française
Un récit, presque à chaud, de la débâcle de juin 1940

Suite française est un incontournable de la littérature.

Au sommaire de cet article

Tempête en juin, premier tome de Suite française

Univers narratif

En juin 1940, les troupes allemandes s’approchent de Paris, deux millions de Parisiens se jetèrent sur la route pour échapper à l’ennemi. Nombre d’entre eux périrent sur les routes attaquées par la Luftwaffe.

Des Français en fuite
Des Français en fuite Crédit photo : W. Hanske CC BY-SA 3.0

Les personnages

#La famille Péricand
Une famille bourgeoise, catholique, bien-pensante — leur fils aîné est prêtre. M. Péricand est conservateur de musée, Charlotte, sa femme s’occupe de « l’ordinaire de l’existence ». Devant les évènements de juin 1940, il faut qu’une voix masculine lui indique la décision à prendre. Outre leur fils aîné, Philippe, ils ont quatre autres enfants : Hubert, un adolescent qui brûle de se battre, Jacqueline (neuf ans) Bernard (huit ans) et Emmanuel (deux ans).

#Gabriel Corte
Il est riche, ce qui lui vaut la déconsidération de ses confrères écrivains. Il aime le luxe et vit avec Florence qui sait, ô combien, les compliments lui sont nécessaires.

#M. et Mme Michaud
Employés à la banque dirigée par M. Corbin et M. Le Comte de Furières (mobilisé), ils ont un fils Jean-Marie qui est parti se battre et dont ils n’ont reçu aucune nouvelle. Ils devraient fuir Paris dans la voiture de M. Corbin. Ce sont les personnages les plus attachants du livre parce qu’ils accordent plus d’importance aux personnes qu’aux biens terrestres.

#M. Corbin
Il dirige seul la banque et le voilà aux prises avec sa maîtresse Arlette Corail qui veut quitter Paris avec lui. Mais M. Corbin doit transporter ses dossiers dans sa voiture. Arlette insiste, elle est prête à monter dans la voiture de sa femme s’il le faut. M. Corbin tient bon, mais…

#Charles Langelet
Il n’aime que son appartement et ses porcelaines. Ses domestiques l’ont déjà quitté, il lui faut se résoudre à partir, mais pas sans ses précieux bibelots.

L’intrigue

Tous ces personnages se retrouvent sur la route, que ce soit en voiture ou à pied pour certains avec pour objectif de rejoindre leurs familles ou leur employeur, du moins quand ils savent où aller.

Le roman est amer, infiniment pessimiste et triste. Il résonne de façon particulière puisque son auteur, comme tant d’autres (Charlotte Salomon), a disparu deux ans plus tard à Auschwitz. Cette période dramatique de l’histoire est traitée tantôt de façon tragique — une scène au moins est dure — tantôt de façon plus légère. On pressent ce qui se passera au retour des Parisiens.

Le style

Incipit :

« Chaude, pensaient les Parisiens. L’air du printemps. C’était la nuit en guerre, l’alerte. Mais la nuit s’efface, la guerre est loin. Ceux qui ne dormaient pas, les malades au front, les femmes amoureuses aux yeux fanés par les larmes entendaient le premier souffle de la sirène. »

Citation :

« Le flot grandissant des réfugiés entourait le camion, entravant sa marche. Par moments, il était impossible aux soldats d’avancer. Ils se croisaient les bras alors et attendaient qu’on voulût bien leur donner le passage. Hubert était assis à l’arrière du camion, ses jambes pendaient dans le vide. Un extraordinaire tumulte, une confusion d’idées et de passions l’agitait, mais ce qui dominait dans son cœur, c’était le mépris qu’il éprouvait pour l’humanité tout entière. »

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé

  • Un récit, presque à chaud, de la débâcle de juin 1940
  • Un livre qui résonne de manière particulière.

Mes notes

Univers narratif5,0/5
Personnages4,0/5
Intrigue5,0/5
Style4,0/5
Moyenne4,5/5

Lecture un peu exigeante

À vous maintenant

Vous l’avez lu ? Donnez-moi votre avis en commentaires. Pensez à activer la cloche qui se situe avant le bouton Publier le commentaire pour recevoir un mail avec les réponses à votre commentaire.

Acheter d’occasion

Ce livre vous tente ? Achetez-le d’occasion grâce au lien ci-dessous. Lien affilié, c’est-à-dire que si vous achetez après avoir cliqué sur ce lien, je toucherai une commission (sans coûts supplémentaires pour vous).

Dolce, deuxième tome de Suite française

L’univers narratif

La débâcle est terminée, ceux qui ont échappé aux bombes de l’ennemi sont rentrés chez eux. À Bussy, les Allemands sont arrivés.

Les personnages

Vous croiserez des personnages de Tempête en juin auxquels vous n’auriez pas fait attention, si vous n’aviez pas lu ce livre. Les personnages principaux sont autres.

#Mme Angellier mère
Elle a toujours vécu à Bussy et pleure l’absence de son fils, Gaston, prisonnier des allemands. Bourgeoise provinciale, elle a des réactions parfois inattendues.

#Lucile Angellier
Elle a épousé Gaston sans amour, parce que son père le lui a demandé. Elle est contrainte de vivre avec sa belle-mère qui la regarde avec méfiance, ne la trouvant pas assez désespérée d’être privée de son mari.

#Bruno von Falk
Ce lieutenant de l’armée allemande est logé chez les Angellier. Mme Angellier mère se fait un principe de l’ignorer, Lucile lui répond courtoisement.

#Le vicomte et la vicomtesse de Montmort
Bien qu’ils influencent peu le récit, leurs comportements font froid dans le dos.

L’intrigue

À Bussy, les habitants doivent composer avec les Allemands et leur « verboten » sous peine de mort. Certains leur vendent des produits à prix d’or, d’autres restent sur leur réserve en songeant aux morts et aux prisonniers.

Lucile et Bruno Falk font connaissance.

Loin d’être un livre manichéen, les Allemands ne sont que des soldats qui font leur métier de soldat, parfois sans états d’âme et les Français ne sont que des hommes et des femmes qui font ce qu’ils peuvent pour vivre le moins mal possible. Bizarrement, la Résistance est absente de ce livre, bien que les paysans aient gardé leurs fusils et que de loin en loin, on entend des émissions de radio interdites.

Le style

Incipit :

« Chez les Angellier, on mettait sous clef les papiers de famille, l’argenterie et les livres : les Allemands entraient à Bussy. »

Citation :

« Il s’assit au piano, le poêle chauffait et ronflait doucement, répandant une douce odeur de fumée et de châtaignes grillées. De grosses gouttes de pluie coulaient le long des vitres, comme des larmes ; la maison était silencieuse et vide, la cuisinière à vêpres. »

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé

  • La description fine des relations entre occupants et occupés

Mes notes

Univers narratif5,0/5
Personnages5,0/5
Intrigue5,0/5
Style4,5/5
Moyenne4,8/5

Lecture un peu exigeante

À vous maintenant

Vous l’avez lu ? Donnez-moi votre avis en commentaires. Pensez à activer la cloche qui se situe avant le bouton Publier le commentaire pour recevoir un mail avec les réponses à votre commentaire.

Acheter d’occasion

Ce livre vous tente ? Achetez-le d’occasion grâce au lien ci-dessous. Lien affilié, c’est-à-dire que si vous achetez après avoir cliqué sur ce lien, je toucherai une commission (sans coûts supplémentaires pour vous).

Autres livres sur la débâcle et la Deuxième Guerre mondiale

Trilogie
Pierre Lemaitre

Les trois couvertures de la trilogie Pierre Lemaitre, Au-revoir là-haut, Couleurs de l'incendie, Miroir de nos peines
Miroir de nos peines : Débâcle de 1940

La mort est mon métier
Robert Merle

En arrière plan, Ne pas oublier, au premier plan, couverture du livre de Robert Merle, La mort est mon métier
L’histoire d’un homme dénué de toute empathie, de toute humanité.

Erika Sattler
Hervé Bel

A l'arrière-plan, un avion de combat et au premier plan la couverture du livre de Hervé Bel, Erika Sattler
L’histoire vue par une allemande nazie

Info-livre : Suite française par Irène Némirovsky

Couverture du livre d'Irène Némirowsky, Suite française

Editeur : Denoël
ISBN : 978-2-207-12431-4
Pages : 486
Date de parution : 19/03/2015
L’auteur étant tombé dans l’oubli, Suite française n’a été publié pour la première fois qu’en 2004. Le livre existe aussi en édition de poche.

Restons en contact

Inscrivez-vous à la newsletter

En savoir plus sur l’utilisation des données

Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)

J'adore discuter de mes lectures. N'hésitez pas à me laisser des commentaires ou à me rejoindre sur les réseaux sociaux.

Rédactrice NetGalley

Articles: 655
S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Ouellette, Lise

Merci Catherine,

Encore et toujours intéressant pour moi. Je suis une fan de vos envois et en prends note.
C’est clair et très abordable.

J’aime Suite française et j’ai envie de le lire.

Bonnes Vacances ! J’ai hâte à votre prochaine intervention.

Lise