Pourquoi j’ai mangé mon père — Roy Lewis

Dans Pourquoi j’ai mangé mon père, Roy Lewis explique comment un père de famille pithécanthrope et ses fils ont découvert le feu, la cuisine, les vêtements et bien d’autres choses, quitte à jouer les apprentis sorciers. Un avertissement que l’humain n’a jamais pris au sérieux.

Comment débute le livre ?

Le narrateur commence par présenter son père, Edouard, et son oncle Vania, deux pithécanthropes en train de se disputer. En effet, Edouard a bien envie de faire avancer la subhumanité¹, il y a eu les outils, pourquoi pas le feu ? Quant à Vania, il est horrifié, craint les réactions en chaîne et n’a qu’une devise : back to the trees (retour aux arbres). Edouard s’en moque.

Vous êtes-vous déjà demandé comment l’homme avait apprivoisé le feu ? Je m’imaginais qu’un humain, un subhumain en fait, avait ramassé une braise après un incendie de forêt. Eh bien, pas du tout, Edouard est allé le chercher dans un volcan. Et croyez-moi, il s’en est vu pour le ramener au campement. Et tout ça, dit oncle Vania, pour avoir son volcan personnel.

Analyse

« En physique nucléaire, une réaction en chaîne se produit lorsqu’un neutron cause la fission d’un noyau atomique fissile produisant un plus grand nombre de neutrons, qui à leur tour causent d’autres fissions, permettant de poursuivre cette réaction. » Source Wikipédia
Les applications en sont la bombe atomique et l’énergie nucléaire. Sans aller jusque-là, Edouard va quand même déclencher une catastrophe que l’on qualifierait aujourd’hui d’écologique.

D’ailleurs en parlant d’écologie, le syndrome de Kessler est une autre réaction en chaîne qui menace l’exploration spatiale et l’utilisation de satellites artificiels. Et que dire de la 6e extinction qui se prépare, est-ce que ce n’est pas une réaction en chaîne ?

Le livre conclut sur une autre alerte puisqu’il voit le triomphe du commerce sur la science. Et là, je ne peux m’empêcher de penser à la différence entre l’Internet du début (les « autoroutes de l’information ») et celui d’aujourd’hui.
Forcément, je me demande ce que deviendra dans quelques années l’Intelligence Artificielle.

Bref, Pourquoi j’ai mangé mon père nous prévient que l’utilisation de la science n’est pas sans risque. Avertissement jamais entendu si on en juge par l’état de la planète. Un avertissement un peu désuet, mais à prendre tout de même au sérieux.

Est-ce drôle ?

Oui et non. Certes, les anachronismes sont savoureux, mais il me semble que nous y sommes habitués (Astérix). Mais je dois reconnaître que la lecture fait sourire.

Quels sont les thèmes ?

• Préhistoire
• Humour
• Progressiste contre réactionnaire

Où et quand ?

En Afrique au Pléistocène (période qui s’étend de 2,58 millions d’années à 11 700 avant le présent). Edouard ne peut pas mieux situer l’époque, il aimerait penser qu’ils sont proches de la fin, prêts à en sortir, mais certains indices montrent que ce n’est pas le cas.

Il est parfois question de battre les femmes, mais qu’en savons-nous ? D’ailleurs, elles sont un peu des caricatures des années 1960. Enfin, j’aurais apprécié que l’auteur décrive davantage les animaux, ainsi que la flore.

Qui sont les personnages ?

Edouard
Il se concentre totalement à ses inventions, et rêve de les partager avec les autres hordes.

Ernest
Un des fils d’Edouard est le narrateur. D’abord observateur, il subit, puis commence à avoir ses propres aspirations. La cour qu’il fait à Griselda est particulièrement visuelle et amusante. (Si j’étais lui, je ne me risquerais pas à lever la main sur elle.)

Oncle Vania
Il fait la leçon à son frère sur les dangers de ses trouvailles, mais il en profite sans honte.

Les frères d’Ernest
Oswald est un excellent chasseur, Toby taille parfaitement le silex, Alexandre invente l’art pariétal et William voudrait bien apprivoiser des animaux, mais à la fin du livre, il n’a toujours pas réussi.

Comment est-ce écrit ?

Incipit :

« À présent, nous étions sûrs de nous en tirer. Oui, même si elle descendait encore plus au sud, cette grande calotte de glace, serait-ce jusqu’en Afrique. Et quand la bourrasque soufflait du nord, nous empilions tout ce que nous avions de broussaille et de troncs brisés, et flambe le bûcher ! Il en ronflait et rugissait. »

Citation :

« — Des chefs-d’œuvre, assurait-il. Des primitifs superbes ; une technique brillante, une composition robuste — et tout cela est destiné à disparaître ! disait-il amèrement. Jamais, mon pauvre Alexandre, la postérité ne pourra te rendre justice. Je doute que tes œuvres seraient beaucoup plus durables dans une caverne, mais pourquoi n’essayerais-tu pas quand même à l’intérieur ?
— Parce que je n’y vois goutte dit Alexandre.
— Oh psalmodia père, que ne donnerait-on pour la lumière et l’eau courante ! et il s’en fut en soupirant. »

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé

• Une invitation à la réflexion
• Les anachronismes

Ce que j’ai regretté

• Un peu désuet

Mes notes

Lecture assez facile

À vous maintenant

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Info-livre : Pourquoi j’ai mangé mon père par Roy Lewis

Editeur : Babel
ISBN : 978-2-330-16572-7
Pages : 176
Date de parution : 01/06/2022
(Initialement publié en 1960)

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1. Subhumanité : les subhumains étaient les prédécesseurs de l’Homme. ↩︎