Les raisins de la colère — John Steinbeck

Ce n’est pas parce qu’un livre est un chef-d’œuvre qu’il va forcément m’enthousiasmer. Il faut aussi que le thème me frappe. C’est le cas du livre de John Steinbeck, Les raisins de la colère.

Un arrière-plan, un nuage de poussière et au premier plan, la couverture du livre de John Steinbeck, Les raisins de la colère
Dans les années 1930, des tempêtes de poussière, qui faisaient suite à des années de sécheresse, ont gravement endommagé l’agriculture en Oklahoma.

L’histoire de la famille Joad, contrainte de quitter l’Oklahoma pour survivre pendant La Grande Dépression, m’a touchée. J’espère qu’elle vous touchera autant.

Comment débute le livre ?

Une tempête de poussière s’élève au-dessus des fermes déjà ravagées par la sécheresse. Un homme, vêtu de vêtements neufs de mauvaise qualité marche sur la route. Il sort de prison, il est en liberté conditionnelle. En marchant, il rêve de ce qu’il va trouver chez lui, de la réaction de sa mère. Il rencontre aussi un ancien pasteur Casy. Lorsqu’il arrive à la ferme, elle est abandonnée.

Grâce à un voisin, il retrouve sa famille chez son oncle John. Il apprend alors qu’ils ont été expulsés de leur ferme et qu’ils s’apprêtent à partir pour la Californie. En effet, un prospectus leur a fait miroiter du travail et une vie de rêve. Il devrait rester dans l’État, à cause de sa liberté conditionnelle, mais il quitte le pays avec eux et leur promet de se tenir tranquille pour ne pas retourner en prison.

Qu’en ai-je pensé ?

Je connaissais La Grande Dépression ou crise de 29 aux États-Unis, bien sûr. Elle a frappé les États-Unis de 1929 à la Deuxième Guerre mondiale. En revanche, je ne savais rien du Dust Bowl. Comme un peu de contexte ne nuit pas à la lecture, bien au contraire, vous trouverez un résumé dans le paragraphe Dust Bowl.

Cette œuvre de John Steinbeck est incontestablement un chef-d’œuvre, et à plus d’un titre. Pour commencer, l’auteur ne fait pas dans le misérabilisme, il présente la situation avec recul, en particulier l’organisation de la pauvreté en Californie. Et c’est cette froideur qui rend le livre poignant. Ensuite, il raconte la solidarité des démunis ainsi que l’avidité et la peur des riches.

« Y a une chose que j’ai apprise. Et tous les jours qui passent, elle se vérifie. Si vous avez un problème, si vous êtes mal en point, si vous avez besoin de quelque chose, faut demander aux pauvres. C’est les seuls qui vous aideront… les seuls. »

Ma Joad 

Enfin, la déshumanisation progressive de l’agriculture aux États-Unis, des terres en jachère que personne ne peut cultiver ou encore de l’appropriation des sols par les banques ou les grandes entreprises. Sans oublier la mécanisation, ce sont des tracteurs qui ont chassé la famille Joad de chez eux.

Quels sont les thèmes ?

  • Les États-Unis de la Grande Dépression
  • La misère
  • Les migrants
  • L’évolution de l’agriculture aux États-Unis dans les années 1930

Où et quand ?

Aux États-Unis dans les années 1930. Les Joad quittent l’Oklahoma et prennent la mythique route 66 pour atteindre la Californie.

Qui sont les personnages ?

Ils sont une autre raison qui fait des Raisins de la colère un chef-d’œuvre. Trois générations de la famille Joad se préparent à partir. Chaque membre réagira en fonction de son caractère et vous aurez de bons motifs de les aimer tous, ou du moins d’éprouver de la compassion pour eux, d’autant que le voyage va être rude pour certains. Vous allez comprendre pourquoi.

Les grands-parents, Grandpa Joad et Grandma Joad
Ils sont âgés, mais ils entreprennent le périple, même si, au dernier moment, Grandpa, qui n’a plus toute sa tête, refuse de partir. Sa famille l’embarque de force après l’avoir endormi.

Les parents, Pa et Ma Joad
Pa est le chef de famille, même si théoriquement, ce rôle revient à Granpa. Dérouté par les évènements, il s’efface progressivement au profit de Ma. Étant entendu, qu’il redeviendra le chef de famille, une fois la situation redevenue normale. Plus adaptable, Ma cherche à protéger ses enfants et à garder une famille soudée.

Les enfants
Tom a tué un homme qui l’avait attaqué à coup de couteau. Personne ne lui en veut, même si Ma est inquiète à l’idée qu’il recommence et retourne en prison.

Al est passionné de filles et de voitures. D’ailleurs, la voiture est un personnage à part entière, Al passe un temps fou à l’entretenir et à la réparer avec succès. Que feraient les Joad sans une voiture ?

Rosasharn ou Rose of Sharon a épousé Connie Rivers et elle est enceinte.

Ruthie et Winfield, les deux plus jeunes sont encore des enfants, ils s’amusent, font des bêtises, plus ou moins grosses.

Comment est-ce écrit ?

Avec un style fabuleux.

Incipit :

« Dans le pays rouge et une partie du pays gris de l’Oklahoma, les dernières pluies furent légères et ne pénétrèrent pas dans la terre balafrée. Les charrues coupèrent les traces du ruissellement dans un sens et puis dans l’autre. Les dernières pluies firent lever rapidement le maïs et disséminèrent des colonies d’herbe et de graines sur le bord des routes, et ainsi le pays gris et le pays rouge sombre disparurent graduellement sous un manteau vert. »

Citation :

« Et de ceci, vous pouvez être certain : craignez le jour où l’homme cessera de souffrir et de mourir pour une idée, car cette qualité seule constitue le fondement de l’homme et le distingue au sein de l’univers. »

Le Dust Bowl

Dans les années 1930, des tempêtes de poussière, qui faisaient suite à des années de sécheresse, ont gravement endommagé l’agriculture en Oklahoma (où vivaient la famille Joad). Probablement trois millions de personnes ont fui l’Oklahoma pour la Californie. Source : Wikipédia

John Steinbeck explique très bien le processus qui a conduit les fermiers à perdre leurs fermes. Ils se sont endettés auprès des banques en pensant que les cours allaient monter. Incapable de rembourser leurs emprunts, ils ont perdu leurs propriétés et sont devenus métayers. Les banques et les grosses entreprises ont alors décidé d’augmenter le rendement des terres grâce à la mécanisation et ont chassé les métayers.

La presse s’est déchaînée à la sortie du livre et il a même été interdit dans de grandes villes américaines. Les raisins de la colère a pourtant reçu le prix Pulitzer du roman en 1940 et John Steinbeck le prix Nobel de littérature en 1962.

Dorothea Lange (1895 – 1965) a publié des clichés de la Grande Dépression et des migrants, dont le célèbre portrait, Mère migrante.

Nuage de poussière au Nouveau Mexique en 1935
Nuage de poussière au Nouveau Mexique en 1935
Mère migrante
Mère migrante
Des enfants d'Oklahoma réfugiés en Californie en 1936
Des enfants d’Oklahoma réfugiés en Californie en 1936

Mon avis en résumé

Le thème peut ne pas vous intéresser, mais c’est un chef-d’œuvre de la littérature américaine et mondiale.

Ma note

Tout est magnifique dans ce livre, univers narratif, intrigue, personnages et style. Que lui donner d’autre que la note maximum ? 5,0/5

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Info-livre : Les raisins de la colère par John Steinbeck

Couverture du livre de John Steinbeck, Les raisins de la colère

Editeur : Folio
ISBN : 978-2-07-304399-3
Pages : 672
Date de parution : 21/03/2024
(Publié pour la première fois en 1939)

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Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
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